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Que deviennent nos déchets plastiques ?

le plastique N’EST PAS BIODÉGRADABLE. Mais nous continuons d’en produire en attendant des solutions-miracles pour qu’il disparaisse… Car que deviennent les 4,5 millions de tonnes de déchets plastiques rejetés chaque année en France ?

La marque Tropicana (groupe PepsiCo) a fait face au printemps dernier à une campagne de boycott après sa décision de remplacer ses bouteilles en carton par des bouteilles en plastique PET. Auquel elle aurait dû s’attendre :  25 millions de bouteilles en plastiques sont achetées puis jetées chaque jour en France (2018). 25 MILLIONS chaque jour !  (source FranceInfo).

➡︎ La majeure partie de la demande européenne de plastique a pour but le packaging, l’emballage des produits de consommation. Ce plastique inutile aura donc une durée de vie infime, moins d’un an selon Greenpeace. Et provoquera des dégâts pour les siècles à venir ➡︎ car le plastique n’est pas biodégradable. Sa décomposition n’interviendra qu’au bout de 400 à 450 ans pour une couche jetable, plus de 500 ans pour une bouteille plastique et 1000 ans pour une carte en plastique ! (source Adéic)

A quel moment changera-t-on nos habitudes de consommation ? Quand se décidera-t-on à imaginer d’autres schémas  ?

Selon Nathalie Gontard (Directrice de recherche, professeure, sciences de l’aliment et de l’emballage, Inra) qui s’exprimait dans The Conversation : « nous utilisons et jetons chaque année l’équivalent de notre poids corporel en plastique (résultat obtenu par un ratio moyen consommation/population : 40 kg/an au niveau mondial en 2015, 63 en Europe et 68 en France) ; 90 % de ces déchets persisteront longtemps après notre propre disparition ».

En France, en 2016, nous avons produit 4,5 millions de tonnes de déchets plastiques. Et comme le souligne le rapport 02/2019 de l’Agence Européenne pour l’Environnement (AEE), « de plus en plus de déchets plastiques seront produits à l’avenir, et nous devons remédier à cette situation ».  Que deviennent-ils après que nous les mettons à la poubelle ?

La production de plastique

Le plastique est composé d’environ 95% de polymères et 5% d’additifs –des composants chimiques dérivés d’hydrocarbures, du carbone et de l’hydrogène, essentiellement, du pétrole.

En Europe,  l’Allemagne et la France sont les plus importants producteurs de plastique. Un secteur économique rentable –la balance commerciale de l’industrie européenne du plastique est excédentaire de plus de 15 milliards d’euros en 2018– qui génère plus de 1,5 millions d’emploi. Mais ces plastiques sont une source de pollution sans comparaison.

  • Or, malgré les appels à une économie circulaire que l’on voudrait « neutre » pour l’environnement, les plastiques ne sont pas tous recyclables ou réutilisables. Loin de là.
  • De plus, le traitement des déchets (collecte, tri) a un coût important pour les collectivités locales : plus de 10 milliards d’euros en 2013 d’après l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie (Ademe).

Que deviennent nos déchets plastique ?

Selon le WWF, 75 % des plastiques déjà produits sont aujourd’hui des déchets.

L’Europe produit 30 millions de tonnes de déchets plastiques par an, dont seulement 31% sont réutilisés ou recyclés –22% en France, à l’avant-dernière place du classement européen (sources AEE et le rapport 2019 de PlasticsEurope).

  • Décharge sauvage.

Dans le monde, un tiers des déchets finit dans la nature. Si les projections se réalisent, presque 12 milliards de plastiques auront été dispersés purement et simplement dans notre environnement d’ici 2050 (nous en étions déjà à plus de 8 milliards en 2015). En Europe, les déchets non collectés ne représentent heureusement qu’une infime partie de nos poubelles. Mais à cause des dépôts sauvages, des gestes inciviques et des micro-plastiques drainés par les réseaux d’eaux usées et d’eaux pluviales, la France contribue, selon le WWF,  au rejet de 80 000 tonnes de plastiques dans la nature chaque année, dont plus de 10 000 entrent en mer Méditerranée.

  • Déchets collectés

98 % des déchets sont collectés, traités puis répartis dans 3 grandes filières :

  1. Le stockage, enfouissement ou enfoui stocké
  2. L’incinération
  3. Le recyclage pour les thermo-plastiques

1. Stockage / enfouissage

Les déchets sont enfouis dans des zones de stockage, des décharges où l’on attend que la décomposition intervienne… Simple. Peu efficace : fragmentation en micro- et nanoplastiques, pollutions graves des sols et de l’eau, nuisances olfactives ou visuelles, etc.

2. Incinération

Les déchets sont transformés, dans des incinérateurs industriels, en énergie et en composés volatils et résidus solides qui viennent malheureusement « grossir le rang des déchets toxiques persistants dont on ne sait que faire » rappelle Nathalie Gontard.

3. Recyclage

Seules cinq grandes familles de plastique sont recyclables : le polychlorure de vinyle (PVC –isolation, vêtements), le polyéthylène (PE) –sacs poubelle, récipients–, le polystyrène (PS) –emballage, isolation–, le polyéthylène téréphtalate (PET) –bouteilles, polyester– et le polypropylène (PP) –automobile, moquette. Pour des coûts qui ne sont pas -encore-rentables.

Les plastiques à recycler sont soit exportés, principalement vers les pays de l’Asie du Sud-Est, soit transformés en granulés et envoyés dans une usine de recyclage pour servir à la fabrication de nouveaux objets. Et pour chaque type de granulés, il y a des applications différentes. Nathalie Gontard explique les deux circuits de recyclage :

Le recyclage en circuit ouvert

Les déchets sont recyclés pour des applications différentes – par exemple, pour faire un pull qui une fois usé ne sera plus recyclable.[…] Il convient ici de parler de décyclage plutôt que de recyclage.

Le recyclage en circuit fermé

Les déchets sont récupérés pour produire un matériau utilisable comme un plastique neuf et indiscernable de ce dernier. Recycler en circuit fermé signifie collecter, trier, décontaminer et repolymériser un plastique qui se dégrade au cours du procédé de recyclage. […] Bilan des courses : seuls les plastiques de type bouteilles en PET (polyéthylène téréphtalate) – qui ne représentent qu’un pourcentage très faible des plastiques consommés – peuvent se plier aux contraintes du recyclage en boucle fermée et être régénérés pour une utilisation identique.

Mais si une bouteille en PET sur deux en Europe est recyclée, moins d’une sur 10 redeviendra bouteille rappelle encore Nathalie Gontard, « pour des raisons de sécurité du consommateur (risque de contamination) et technologiques (propriétés différentes du polymère vierge) ». Le plastique n’est donc pas « réutilisable » et ne servira au mieux que deux fois. On est loin d’un impact neutre sur l’environnement.

 

Conclusion : tendre vers le zéro déchet

Comme le rappelle l’Ademe : « le meilleur déchet est celui qu’on ne produit pas ». Pour cela, deux leviers d’action existent : sur les producteurs/pollueurs et les consommateurs.

Le meilleur déchet est celui qu’on ne produit pas !

  • Interdire le plastique à usage unique

San Francisco a récemment interdit la vente de bouteilles en plastique dans l’espace public. En Europe, le plastique à usage unique, pailles, gobelets, couverts, touillettes à café, cotons-tiges, sera interdit d’ici au 1er janvier 2021. Il est donc possible de décider unilatéralement que l’on ne veut plus de cette matière. Mobilisons-nous et votons pour des députés qui initieront un tel projet.

  • Taxer les pollueurs.

Taxer les producteurs-pollueurs a ceci d’intéressant qu’il ne demande aucun effort au consommateur. Le WWF préconise, par exemple, « d’appliquer enfin le fameux principe « pollueur-payeur », en ajoutant dans le prix de fabrication et de transformation plastique le coût (monumental) de son cycle de vie dans la nature qui, jusqu’ici, est porté par les contribuables. »

  • Privilégier le plastique biosourcé ou recyclé ?

De nombreuses associations pointent les fausses bonnes idées de ces recommandations visant à créer une économie du plastique usagé et/ou bio quelque chose. Cf les liens ci-dessous et surtout la note de l’ONU sur l’état des plastiques et les sacs pseudo « biodégradables » (p. 8).

En revanche, des solutions alternative d’emballage sans plastique sont à l’étude (amidon, cellulose…).

  • Arrêtez de consommer du plastique

Le consommateur, notamment en ce qui concerne les plastiques d’emballage, a du pouvoir.

N’achetons plus de bouteilles en plastique (l’eau du robinet est, en France, d’excellente qualité) ou de produits emballés. Arrêtons d’en acheter.

Refusons les emballages, privilégions les achats en vrac, à l’épicerie, chez les détaillants, avec filet à provisions #plasticfree et gourde.

Et favorisons le verre –recyclable, vraiment– le bois, le métal, les tissus comme le chanvre ou le lin, des filières où notre pays excelle.

 

Réparer – Réutiliser – Recycler – Réduire

 

Peut-on venir à bout de tout le plastique que nous produisons ?

 

N.B. : les statistiques et chiffres cités dans cet article peuvent varier légèrement selon les sources. Photo de couverture : Tobias Tullius on Unsplash
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Thermos
Thermos
3 années il y a

Quel fléau est le plastique pour notre génération ! Certaines de nos habitudes doivent changer et nous devons nous tourner vers des gestes faciles au quotidien pour transiter de plus en plus vers le zéro-déchet, tel que :

  • l’achat d’une gourde pour boire de l’eau et ainsi éviter des tonnes de déchets plastiques par an à l’échelle de la France,
  • les cotons tiges réutilisables,
  • ne plus utiliser de pailles (si jamais tu ne peux boire qu’à la paille, en acheter en inox)

etc, etc
Nous avons encore beaucoup à faire, cet article en est la preuve !

Last edited 3 années il y a by Thermos
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