L’intérêt pour la phytothérapie est croissant. La tisane bienfaisante s’impose comme boisson à côté du thé. Mais pourrions-nous bénéficier des conseils d’herboristes diplômés pour nous aider à nous y retrouver dans toutes ces plantes médicinales ?


Les parties des plantes médicinales utilisées à des fins thérapeutiques varient selon les plantes : fleurs, feuilles, tiges, rhizomes ou racines. C’est que l’on appelle les drogues végétales. Elles macèrent, décantent ou s’infusent en tisane bienfaisante. Ces modes de préparation permettent d’extraire le principe actif des végétaux et d’en tirer une boisson qui a le vent en poupe, même si son utilisation ne date pas d’hier.

Selon Wikipedia,  » le premier texte connu sur la médecine par les plantes est gravé sur une tablette d’argile, rédigé par les Sumériens en caractères cunéiformes 3000 ans av. J.-C. ; ils utilisaient des plantes telles le myrte, le chanvre, le thym, le saule en décoctions filtrées […] Mais il est probable que des plantes étaient déjà utilisées pour se soigner durant la préhistoire. » Les plantes sont utilisées sous plusieurs formes, en baume, onguent, pommade, poudre, teinture mère, huile essentielle ou hydrolat.

« Au Moyen-Age, les préparations de tisanes, déjà plus sophistiquées, étaient pour les médecins la principale ressource d’apport pharmaceutique. » Trois corporations ont alors, en Europe, le monopole de leur vente. Les herbiers qui deviendront les herboristes, récoltent et vendent des plantes indigènes séchées ; les apothicaires fabriquent et vendent des remèdes plus complexes préparés à base de plantes, de minéraux et de substances animales ; et les médecins qui soignent souvent des personnes et des animaux ont obtenu des monopoles sur le suif des chandelles, ou les poids et mesures. »

Tacuinum Sanitatis – XIVe siècle – la récole de l’aneth. La récolte de la sauge.

 

L’intérêt pour la phytothérapie décroit avec les progrès de la médecine, la découverte des vaccins et les médicaments de synthèse. En 1941, le régime de Vichy supprime le certificat d’État d’Herboristerie. Les herboristes disparaissent petit à petit. Mais avec le retour du slow, du bio, du « naturel », la méfiance vis à vis des médicaments liée aux différents scandales sanitaires, les consomm-acteurs redécouvrent les simples, les principes de l’herboristerie et les vertus de la tisane.

Flore médicale et iconographie végétale, peintes par Mme E. Panckoucke et Turpin… décrites par MM. Chambéret, Chaumeton, Fermond, Poiret et Ach. Richard… Troisième édition – 1862

Préparation

Il existe plusieurs façons de préparer sa tisane. L’infusion consiste à verser de l’eau frémissante sur les plantes séchées. On fait bouillir, pour la décoction, l’eau dans laquelle on a d’abord versé les plantes. On laisse tremper les plantes dans de l’eau froide pour la macération à température ambiante.

Et l’on filtre après 5 à 10 mm. Il est conseillé d’en boire plusieurs tasses pour bénéficier des principes actifs et pourquoi pas dans une jolie tisanière qui comprend une tasse, un filtre et un couvercle repose-filtre.

 

Les bienfaits des tisanes

Les fleurs et les feuilles séchées se boivent en tisane. Le tilleul et la fleur d’oranger sont réputés pour leurs vertus apaisantes. La sauge, le thym aux propriétés antiseptiques et antivirales, sont recommandés pour lutter contre les inflammations des muqueuses du nez et de la bouche et lutter contre les refroidissements. Le thym, la verveine, la camomille romaine, la marjolaine et le romarin ont des vertus digestives.

Les feuilles les plus dures, les tiges et les racines s’utilisent en décoction. Les queues de cerise sont, par exemple, conseillées en cas de problème urinaire.

Plusieurs mélanges de plantes sont réputés et connus pour favoriser le sommeil : aubépine +passiflore + le tilleul. D’autres aident à l’élimination des toxines : queues de cerises + le romarin + reine des prés.

 

Précautions

Il convient de faire attention aux effets secondaires et aux contre-indications surtout pour les enfants ou les femmes enceintes. Et si vous êtes sous traitement médical, pour éviter les interactions médicamenteuses.

Le « naturel » n’est pas synonyme de santé : les digitales sont du poison !

Il faut également faire attention à la traçabilité des plantes et à leur mode de culture. Évidemment, on privilégiera les cultures bio ou les cueillettes sauvages dans des terres exemptes de pesticides.

148 plantes sont en vente libre selon le décret de 2008. Quelques simples, plantes aromatiques ou tinctoriales. Les autres sont exclusivement vendues en pharmacie.

 

Photo by Lisa Hobbs on Unsplash

 

Les herboristes

Les druides celtiques, les religieux des monastères du Moyen-Âge qui cultivaient tous au moins un jardin de simples, connaissaient les plantes médicinales. Ainsi que les guérisseurs et leurs savoirs ancestraux de tradition orale. « Les herboristes, dépositaires de ces savoirs, conseillaient les personnes à la recherche de remèdes naturels en guise de premiers soins, de compléments ou de prévention » explique le Collectif pour le retour des herboristeries.

Mais depuis la suppression du certificat d’État d’Herboristerie par la loi du 11 septembre 1941, il est interdit de pratiquer ce métier en dehors du cadre très règlementé de la profession de pharmacien. Comme le rappelle les pétitionnaires demandant la réhabilitation des métiers de l’herboristerie,  » les herboristes d’aujourd’hui n’ont pas le droit de dire ou d’écrire que les tisanes de thym sont un bon et efficace moyen de soigner un rhume ou qu’un autre produit peut soulager un mal d’estomac. Si un pharmacien diplômé décide de vendre uniquement des plantes médicinales – et aucun médicament de synthèse, il se verra interdire l’inscription à l’Ordre des Pharmaciens. C’est pourtant la condition sine qua none pour avoir le droit de conseiller les acheteurs de plantes médicinales ! »

Les formations

Deux écoles privées, l’école des plantes médicinale de Lyon et l’école de plantes de Paris dispensent des cours notamment en matière de préparations et de conseils en herboristerie. Phytothérapie et aromathérapie sont également enseignées dans les écoles de naturopathes. Mais ces diplômes ne sont pas reconnus.

Réhabiliter le métier d’herboriste ?

M. Laurent Lafon, sénateur du Val de Marne a voulu attiré l’attention de Mme la ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation sur la situation du métier d’herboriste et a posé une question écrite au Sénat au printemps dernier. Il rappelait que depuis 1941, à la suite de la suppression du diplôme, la profession d’herboriste est entrée dans un vide juridique. Aujourd’hui, les pharmacies ont le monopole sur les plantes médicinales et les prescriptions de ces dernières.

La réponse a été cinglante. Il lui a été rappelé que, dans le contexte des enseignements dispensés au cours des études de pharmacie, il n’était pas envisagé, actuellement et conjointement avec le ministère chargé de la santé, de réintroduire le diplôme d’herboriste.

Une pétition adressée au Sénat

Aussitôt, une pétition destinée au Sénat a été créée par le Collectif pour le retour des herboristeries (qui regroupe des herboristes, des cueilleurs de simples et plantes aromatiques, des pharmaciens et des chercheurs) pour protester du fait que seules 148 plantes soient en vente libre en dehors des pharmacies ; qu’aucun conseil ne puisse vous être donné si vous achetez vos plantes ailleurs que dans une officine ; que la France ne compte plus que 15 herboristeries contre 23 000 pharmacies et que le diplôme d’herboriste a été supprimé par le régime de Vichy il y a 77 ans.

Il appelle « à la réhabilitation légitime de tous les professionnels qui œuvrent depuis des années, pour la construction d’une herboristerie de qualité et de proximité écologique, locale, adaptée à la demande contemporaine ; une herboristerie soucieuse de la santé publique et complémentaire du système de santé conventionnel, comme elle existe dans d’autres pays européens. »

Est-il encore pertinent de refuser un diplôme d’herboriste lorsque l’on voit la quantité de produits phytothérapeutiques en vente libre en rayons ou en ligne, même sur Amazon et sans aucune traçabilité ? Sans doute se prive-t-on du suivi sanitaire indispensable à la vente de plantes médicinales et des conseils appropriés qui nous permettraient de savoir les utiliser correctement et de découvrir leurs bienfaits.

Alors, on signe ?

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