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Au début du 20e siècle : les quilteuses noires de Gee’s Bend – Alabama

Il existe dans l’état d’Alabama un village, Gee’s Bend, où les femmes noires, filles d’esclaves, ont commencé à coudre des quilts dans les années 20.

Il existe dans l’état américain d’Alabama un village où les femmes noires, filles et descendantes d’esclaves, ont commencé à coudre des quilts dans les années 20. Là, dans cette pauvre commune rurale de Gees’s Bend d’une centaine d’habitants cernée par la rivière Alabama, ces femmes ont produit des centaines de patchworks sans avoir jamais appris aucune technique mais en ayant observé la façon dont leur mère ou leur grand-mère tirait l’aiguille.

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« Half Squares » – Martha Pettway 1930s Cotton 80 x 73 inches Collection of Souls Grown Deep Foundation

« Petite fille, la quilteuse Arlonzia Pettway regardait sa grand-mère Sally et sa mère, Missouri, coudre des quilts. Et elle écoutait leurs histoires, nombreuses à propos de Dinah Miller, qui avait été amenée aux Etats-Unis sur un navire négrier en 1859 et vendue pour 1O cents » :

As a girl, [Arlonzia] Pettway Pettway would watch her grandmother, Sally, and her mother, Missouri, piecing quilts. And she would listen to their stories, many of them about Dinah Miller, who had been brought to the United States in a slave ship in 1859. « My great-grandmother Dinah was sold for a dime, » Pettway said. « Her dad, brother and mother were sold to different people, and she didn’t see them no more. My great-grandfather was a Cherokee Indian. Dinah was made to sleep with this big Indian like you stud your cow…. You couldn’t have no skinny children working on your slave master’s farm. » In addition to Pettway, some 20 other Gee’s Bend quiltmakers are Dinah’s descendants.¹

On dit que les motifs et les combinaisons de couleurs uniques de ces patchworks tirent leur influence des textiles africains. Ils seraient les plus importantes contributions à l’histoire de l’art des Etats-Unis des Afro-Américains.

The quilting tradition in Gee’s Bend goes back to the 19th century Perhaps influenced in part by patterned African textiles, female slaves pieced together strips of cloth to make bedcovers. Throughout the post-bellum years and into the 20th century, Gee’s Bend women made quilts to keep themselves and their children warm in unheated shacks that lacked running water, telephones and electricity. Along the way they developed a distinctive style, noted for its lively improvisations and geometric simplicity.¹

"Housetop" Variation—"Hog Pen" - Nettie Young 1935 Cotton, denim, wool 81 x 72 inches Collection of Souls Grown Deep Foundation
« Housetop » Variation— »Hog Pen » – Nettie Young 1935 Cotton, denim, wool 81 x 72 inches Collection of Souls Grown Deep Foundation

La tradition du quilting à Gee’s Bend remonte au 19e siècle, lorsque le village était sur la plantation de coton du propriétaire Joseph Gee. Les femmes esclaves ont commencé à coudre des couvre-lits pour se réchauffer et réchauffer leurs enfants dans des cahutes sans chauffage, sans eau courante, sans électricité ou téléphone dans lesquelles elles ont continué à vivre jusqu’à la première moitié du 20e siècle.³

Sewing a quilt. Gees Bend, Alabama - April 1937
  • En 1845, la plantation est vendue à Mark H. Pettway. Après l’émancipation, les anciens esclaves restent sur les plantations comme ouvriers agricoles, fermiers ou métayers. La plantation est revendue à la famille Van de Graaff.
  • Dans les années 30, un marchand, créditeur de nombreux habitants du village meurt et sa famille solde les crédits en prenant les animaux, les outils, la nourriture des débiteurs pour rembourser les dettes.
  • Grâce à l’aide de la Croix Rouge et au maintien bon marché des loyers, la population ne sombre pas totalement. Les terres sont ensuite transformées en une coopérative, un projet pilote à l’initiative du gouvernement fédéral et de la Farm Security Administration, qui seront revendues aux familles de Gee’s Bend. ²
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Medallion – Pearlie Pettway Hall 1950s Cotton 80 x 65 inches Collection of: Souls Grown Deep Foundation

Le recyclage des petits bouts de tissus par cette communauté a donné lieu à des créations textiles de premier plan.

Jusque dans les années 50s, les quilts étaient essentiellement faits à partir de vieux t-shirts, tabliers, napperons ou robes ainsi qu’avec des morceaux de denim. Les créations portent la signature de leurs auteurs mais également l’influence d’une communauté créative géographiquement isolée qui a vu plusieurs générations de femmes coudre et se transmettre des savoir-faire ancestraux.

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« Roman Stripes » Variation (Local Name: « Crazy Quilt ») – Plummer T. Pettway c. 1967 Cotton twill, denim, cotton/polyester blend, synthetic knit (pants materials) 89 x 68 inches Collection of: Souls Grown Deep Foundation
"Bars" Work-Clothes Quilt - Loretta Pettway 1970s Cotton, denim, twill (pants legs) 88 x 85 inches
« Bars » Work-Clothes Quilt – Loretta Pettway 1970s Cotton, denim, twill (pants legs) 88 x 85 inches
"Log Cabin"—Single-Block Variation, Tied With Yarn - Linda Pettway c. 1975 Corduroy 88 x 78 inches Collection of: Souls Grown Deep Foundation
« Log Cabin »—Single-Block Variation, Tied With Yarn – Linda Pettway c. 1975 Corduroy 88 x 78 inches Collection of: Souls Grown Deep Foundation

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La Tinwood Alliance, une ONG supportant l’art Afro-Américain a répertorié les quilts pendant 4 ans, organisé l’exposition “The Quilts of Gee’s Bend” et a publié plusieurs ouvrages sur ce travail.

En savoir +

Références

  1. Fabric of Their Lives // Smithsonian institute
  2. « THE HISTORY OF GEE’S BEND, ALABAMA », Article by Kyes Stephens – Alabama Online Encyclopedia à lire sur le site de l’université d’Auburn, Alabama.
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7 Commentaires
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Dubois
7 années il y a

Merci pour cet article instructif , je suis passionnée d’art textiles et en particulier de patchwork,( et descendante d’esclaves des Antilles , alors ça me parle ! )
Il y a eu récemment sur Arte un documentaire sur les artistes ( peintres ) afro-américains
http://www.arte.tv/guide/fr/066342-000-A/noire-est-la-couleur

Bénédicte / https://bilidine.blogspot.fr/

CANTIN Marie-Anne
6 années il y a

Hooo du patch et du textile ! Tout ce qui me passionne, m’interpelle !
Si on s’y interesse de près, on découvre aussi l’art de vivre des anciens colons et autres peuples migrateurs !
merci !

Mirontaine
Mirontaine
6 années il y a

Avez-vous lu La Porte du ciel de Dominique Fortier chez Escales?

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