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Cottage core : l’esthétique de Caroline Ingalls

Cottage Core est une sensibilité, une esthétique inspirée par une certaine petite maison dans la prairie. S’inviter en somme chez Caroline Ingalls !

L’expression Cottage Core désigne une sensibilité artistique, une esthétique inspirée par l’attrait d’une vie simple à la campagne, dans une maison ancienne, où l’on mitonnerait  des confitures au chaudron avant que les enfants ne rentrent à pied de l’école, en traversant des champs gras où paitraient des vaches heureuses et libres. Vivre en somme chez Caroline Ingalls* !

 

 

La réalité de notre siècle est évidemment toute autre : la population française est urbaine à plus de 75% (50 millions de personnes – plus des trois quarts de la population – habitent en ville, selon les données 2016 de l’Insee¹) et même en vivant dans un bourg isolé, on sait que les enfants rentreront certainement avec le car scolaire, que l’on passera les week-ends sur les routes pour les courses et les activités péri-scolaires, que Charles ne coupe pas ses stères de bois –ceci dit, j’en connais– et que les vaches ne sortiront bientôt plus de leurs hangars-usines sauf pour aller à l’abattoir²…

Qu’est-ce qui peut alors nous pousser à mettre sur Pinterest des dizaines de photos de cottages/cabanes au Canada/huttes au fond des bois en rêvant à La petite maison dans la prairie ? Le désir ou la peur ?

 

Photo by LDa Architecture & Interiors

 

Les deux mon adjudant ! Les éléments de cette esthétique rustique sont familiers : nous avons des souvenirs d’un tel décor, même de loin, pendant les vacances ou chez des grands-parents. Ou nous nous en sommes imprégnés à travers livres et séries. Et cette familiarité, fondée sur la nostalgie, est rassurante. Elle nous rappelle une époque où le futur semblait radieux. Cela nous permet d’affronter un monde incertain et précaire dans lequel l’avenir des peuples se règlent à coup de tweets !

Évidemment, le cottage est idéalisé : il est douillet, chauffé, immense, décoré de bois de cerfs, de meubles contemporains et de  peaux de moutons. Personne n’imagine vivre dans sa version Cosette, sûrement plus proche d’une hutte sale, ouverte à tous les vents, meublé d’un poêle en fonte où macèrerait un bout de gras reposant dans une gamelle.

Les marques ont parfaitement compris cette tendance et surfent sur ces valeurs familières et « traditionnelles » à mi-chemin entre le green washing et le repli passéiste –mon produit est naturel (ce qui n’est en rien un gage de qualité), bio (et sur-emballé dans du plastique), achetons français (même si tous les composants et/ou la façon viennent d’ailleurs), de toutes les façons, c’était mieux avant (oui, enfin, non, avant, il était vraiment pénible de faire une lessive par exemple).

 

 

 

Peu importe, cet idéal de vie « campagnarde » séduit, sans que le consommateur ne soit tout à fait dupe non plus. On fredonne en boucle la petite « ritournelle du jambon » dès que l’on bricole deux bouts de bois dans un cours d’eau –fait assez rare néanmoins– en s’exclamant avec un clin d’œil : « Et alors, la marmotte… »  La petite cabane au fond du jardin attire de plus en plus : on y installe son bureau, une chambre d’amis, un atelier. Au calme et avec un petit bout de vert. En rêvant de tout quitter pour une tiny house avec vue sur la vallée… Heidi, sors de ce corps !

 

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