En 1665, Colbert accorde le privilège d’installer une manufacture royale à Alençon, en Normandie, pour fabriquer une dentelle à l’aiguille, le Point de France, qui deviendra le Point d’Alençon.
Caractérisée par un réseau de mailles bouclées, cette dentelle imaginée par l’alençonnaise Marthe La Perrière (1605-1677) imite puis concurrence le point de Venise et obtient un succès immédiat à la cour.
La dentelle au point d’Alençon doit son caractère singulier au haut niveau de savoir-faire requis et au temps très long qu’il faut pour la produire (sept heures par centimètre carré).
Aujourd’hui, seules 8 dentellières au monde, au sein des ateliers du Mobilier national, possèdent la technique du point d’Alençon.
La technique
La dentelle est réalisée entièrement à l’aiguille, sans support préalable, avec un fil de coton d’Egypte très fin sur un réseau de tulle réalisé précédemment à la main.
- Mains de dentellière // Office de tourisme du pays d’Alençon
Il faut dix étapes pour exécuter le Point d’Alençon. Le matériel nécessaire consiste simplement en une aiguille, du fil de lin et un support en vélin ou parchemin.
- Dessin artistique : représentation à l’encre blanche de la dentelle terminée, puis dessin technique à l’encre rouge sur calque adapté aux représentations techniques à mettre en oeuvre.
- Piquage : perforation régulière du parchemin en suivant le tracé du dessin technique.
- Trace : dessin de fils (armature de la dentelle) réalisé sur le parchemin piqué.
- Réseaux : mailles régulières et transparentes réalisées en arrière-plan des points représentatifs des décors et de l’ornementation.
- Remplis : points spécifiques au décor réalisés de mailles plus ou moins espacées pour créer des ombres.
- Modes : ornementations variées réalisées sur la base de dessins de fils : Cristaux de neige, Râteaux, Venises, O à nez, Saint-Esprit, Mosaïques…
- Brode : points spécifiques au relief réalisés sur la trace.
- Levage : la dentelle est détachée du parchemin à l’aide d’une lame de rasoir.
- Éboutage : brisures de fils minutieusement retirées à l’arrière de la dentelle détachée du parchemin.
- Luchage ou affiquage : repassage à froid des «remplis» avec une patte de homard. (4)
Aujourd’hui, l’Atelier national du point d’Alençon préserve et transmet, sous l’égide du Ministère de la Culture, la tradition et la technique de ce point de dentelle. Le savoir-faire de la dentelle au Point d’Alençon est depuis 2010 classé sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO.